Aujourd’hui nous sommes le 12 fructidor, alors ensemble honorons le fenouil, ce qui, avouez-le, est plus original que de fêter les Sabine un 29 août.Au passage, bonne fête quand même à Sabine, Sabine et Sabine.Si le fenouil à une bonne bouille, surtout ne le sous-estimez pas, lui qui préfère rester cacher aurait pu, c’est sûr, changer le cours des choses. Mais voilà, s’il se fait une gloire, c’est d’être modeste. Bien sûr, il remercie chaleureusement l’esprit éclairé qui a pensé à lui pour remplacer les Sabines. Mais pour autant, en ces temps troublés ou l’envie de vous hisser sur l’estrade de la vertu précède de très peu le désir ardant de vous faire monter les quelques marches qui séparent du sol la grande faucheuse puis votre tête de votre corps, le fenouil préfère rester discret et s’épanouir sagement sous terre. Et pourtant, si ce délicieux apiaceae ne peut rien contre les maux de crânes, brefs, mais intenses, que nos amis aux culottes plus que courtes et aux piques plus que longues savent si bien prodiguer autour d’eux, le fenouil aurait volontiers offert ses vertus digestives au bilieux et rageux qui, profitant de ses bienfaits, eussent été moins ballonnées et auraient ainsi vécu avec plus de calme et de bonhomie ces temps troublés, laissant alors en paix leurs voisins et du même coup, sur bien des épaules, des têtes qui n’avaient nulle envie de rouler ailleurs. Ami fenouil, comme il est fâcheux de penser que si tu avais été moins timide le royaume de France digestivement apaisé eut pu passer à côté de tant de troubles. Allez, sans rancunes, bonne fête quand même.

